Sur quoi se base ce décryptage ?

Par défaut, l’ensemble des éléments présents dans ce décryptage sont issus du programme « L’avenir en commun », publié aux éditions du Seuil, 126 pages.

https://avenirencommun.fr/

Les éléments avec une étoile (*) ne sont mentionnés que dans le « Livret thématique #23 – Égalité femmes – hommes : abolir le patriarcat », qui est censé compléter le programme.

https://avenirencommun.fr/livret-de-legalite/

Il est à noter que le programme « L’Avenir en commun » n’utilise pas l’écriture épicène, a contrario du Livret thématique.

 

Pour une meilleure articulation des temps de vie

Harmoniser les temps sociaux :

  • concordance entre horaires de travail et garde des enfants
  • réduction des temps de transport emploi/domicile

 

Créer un service public de la petite enfance et ouvrir 500 000 places en crèche en 5 ans

Cela fait partie des revendications d’Osez le féminisme ! (notamment lors de la campagne « Qui va garder les enfants ? » de 2012 → https://quivagarderlesenfants.wordpress.com/)

Faire face collectivement au vieillissement de la population et à la perte d’autonomie

(avec notamment) :

  • développer un réseau public de maisons de retraite avec des tarifs harmonisés et accessibles, créer 10 000 places par an en EHPAD publics pendant 5 ans

La problématique n’est pas abordée d’un point de vue féministe, mais elle a un impact sur les femmes, puisque ce sont elles qui s’occupent majoritairement de leurs proches en perte d’autonomie. C’est donc intéressant à souligner.

  • Former, qualifier et recruter en nombre suffisant le personnel nécessaire, soit au moins 100 000 personnes
  • Refondre les grilles de rémunération et de qualifications pour valoriser les métiers de prise en charge de la perte d’autonomie

De même, cette proposition participe à la revalorisation de métiers très féminisés.

Pour la fin des violences économiques

Réprimer les inégalités femme-hommes dans l’entreprise :

  • étendre les obligations d’adopter un plan de résorption des inégalités pour les entreprises de moins de 50 salariés
  • augmenter les sanctions financières et pénales contre les entreprises ne respectant pas l’égalité (jusqu’à l’interdiction d’accès aux marchés publics)
  • revaloriser les métiers majoritairement occupés par des femmes (qualification, grille salariale)
  • agir pour l’égal accès aux formations et aux métiers

Ces mesures vont dans le bon sens.

  • favoriser les congés parentaux de durée identique

Dans le livret thématique, il est question d’imposer le congé parental de durée identique et non pas seulement de la « favoriser ». Une « incitation » est rarement suffisante, donc à voir.

Lutter contre les temps partiels contraints qui touchent 80% des femmes

Bien (même si la statistique est tournée autrement : 82% des temps partiels sont occupés par des femmes, 33% des femmes étant à temps partiel).

Réduire le temps de travail (travailler moins pour travailler tous) :

  • généraliser une 6ème de congés payés
  • appliquer réellement les 35h
  • revenir sur les élargissements du travail du dimanche
  • favoriser le passage aux 32h

Cette mesure devrait être accompagnée d’une réelle incitation au partage des tâches domestiques et familiales au sein des couples. Aujourd’hui encore les femmes supportent l’essentiel de ce travail domestique, totalement invisibilisé.

Mettre fin au quotient conjugal, système patriarcal favorisant les inégalités salariales entre les femmes et les hommes

On parle ici d’individualisation de l’impôt. Le quotient conjugal, est désincitatif au travail des femmes, et induit que le salaire des femmes est un salaire d’appoint, contraire à l’émancipation des femmes et à la réduction des inégalités salariales.Quid de l’individualisation des minimas sociaux ?

Remplacer le coefficient familial par un crédit d’impôt par enfant

Le coefficient familial bénéficiant essentiellement aux familles les plus aisées, tandis que les femmes élevant seules leurs enfants sont particulièrement touchées par la pauvreté, un système de crédit d’impôt ou d’allocation familiale universelle serait plus juste pour les femmes.

Allocation familiale dès le 1er enfant

Assurer la gratuité réelle de l’éducation y compris les cantines, les transports et les activités périscolaires

 

Revalorisation des petites retraites et droit à la retraite à 60 ans à taux plein (Parmi les pistes de financement des retraites est proposée la hausse de l’activité des femmes)

Pour rappel, les retraitées touchent 42% en moins que les retraités. Une revalorisation des petites retraites bénéficierait essentiellement aux femmes.

Abroger la loi El Khomri

Osez le féminisme s’est mobilisée contre cette loi problématique notamment sur le renversement de la hiérarchie des normes (les accords d’entreprise priment sur les accords de branche et la loi). Cela pénalise les salarié.e.s les plus vulnérables, en particulier les femmes.

Pour qu’aucune femme et qu’aucun enfant ne soit plus victime de violences masculines

  • Renforcer les moyens d’aide sociale à l’enfance et de protection judiciaire de la jeunesse
  • Adopter une loi de lutte contre le sexisme

C’est intéressant mais insuffisamment développé.

  • Abolir la prostitution et garantir la dignité de la personne humaine

Là encore, la proposition mériterait d’être étayée, dans la mesure où la loi du 13 avril 2016 vise justement à abolir la prostitution. Il manque aujourd’hui les moyens financiers et les décrets d’applications pour réellement mettre en œuvre la fin de la marchandisation des corps.

  • Instaurer une véritable loi-cadre en lien avec les associations du mouvement féministe*

La volonté de consulter les associations féministes qui réfléchissent sur ce sujet depuis de nombreuses années et ont une expertise est une bonne chose.

  • Renforcer la politique de logements prioritaires et d’hébergements d’urgence pour les femmes en danger et garantir des mesures d’urgence telles que la mise à l’écart du domicile du conjoint violent*

La mesure va dans le bon sens, mais elle manque de chiffrage.

  • Organiser des campagnes d’information et de sensibilisation permanentes dans les services publics et les médias*

Très bien.

  • Assurer une formation spécifique et obligatoire en matière de prévention pour tou·te·s les professionnel·le·s concerné·e·s (santé, police, justice, éducation nationale, services sociaux) et mettre en place une antenne spécialisée dans la réception de plaintes pour violences sexistes et sexuelles dans tous les commissariats*

Cela va dans le bon sens, il est important en effet que les professionnel.le.s concerné.e.s soient formé.e.s aux spécificités des violences sexistes et sexuelles.

  • Mettre en œuvre un plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles au travail : formation des salarié·e·s, durcissement des sanctions à l’égard des employeur·se·s, formations des syndicats, de la médecine du travail, du personnel encadrant, des inspecteur·trices·s du travail, des représentant·e·s aux prud’hommes, de la justice, etc*
  • Octroyer le statut de réfugiée pour toute femme demandant l’asile parce que victime de violences sexistes, sexuelles ou lesbophobes*

Dans la théorie c’est déjà le cas : si les violences sont avérées, le statut est accordé selon les principes de la Convention de Genève. En revanche, il aurait été intéressant de proposer de renforcer la protection des femmes victimes de violences au cours de leur procédure de demande d’asile.

  • Interdire les déqualifications des violences sexuelles et refuser la médiation pénale en cas de violences sexuelles*
  • Abolir le principe de prescription pour les crimes à caractère sexuel*

C’est une bonne mesure, puisque même si l’Assemblée Nationale a adopté le 20 février dernier la proposition de loi portant réforme de la prescription en matière pénale, qui double les délais de prescription pour les victimes majeures des crimes de viol et des délits sexuels, ce n’est pas le cas pour les victimes mineures.

  • Développer un plan de lutte contre le harcèlement de rue et dans les transports*
  • Mettre en œuvre une politique réelle de lutte contre les violences liées à la prostitution : suppression de toutes formes de répression à l’encontre des personnes prostituées, attribution de papiers à toutes les victimes de la traite et développement de véritables moyens financiers pour aider les femmes prostituées, avec des budgets suffisants, notamment pour financer les parcours de sortie du système prostitutionnel*

 

Pour une politique féministe

Abolir le patriarcat dans l’État et la société :

imposer l’égalité de conditions entre les femmes et les hommes dans les institutions politiques, économiques, syndicales et associatives

Cela va dans le bon sens, même s’il n’y a pas de réflexion sur la question des exécutifs (encore trop masculins).

Une République laïque :

refuser de rencontrer d’État à État ceux qui obligent nos Ministres femmes de porter des accoutrements contraires à la dignité républicaine

C’est une bonne chose.

 

Pour la fin des stéréotypes genrés

  • Garantir l’égalité entre le sport féminin et masculin, y compris en terme de diffusion à la télévision
  • Donner, dans le cadre du mariage, le même statut aux noms de jeune fille et de jeune homme*
  • Mettre en œuvre une politique résolue de féminisation des titres et des textes officiels*
  • Supprimer la catégorisation masculin/féminin dans tous les documents officiels*
  • Donner une formation spécifique conséquente à l’approche genrée aux enseignant·e·s, aux travailleur·euse·s sociaux, aux acteur·trice·s de la formation professionnelle et aux fonctionnaires
  • Soutenir les recherches sur les pratiques pédagogiques, et développer une culture et une pédagogie de l’égalité*
  • Mener des politiques pour déconstruire les représentations sexuées des métiers*
  • Renforcer l’éducation sexuelle à l’école en donnant des moyens suffisants à l’Éducation nationale et à ses partenaires associatifs*

Les mesures proposées par Jean-Luc Mélenchon pour lutter contre les stéréotype sexistes sont ambitieuses, même si, concernant l’Education nationale, il ne s’agit pas seulement de renforcer l’éducation sexuelle, mais l’éducation à l’égalité également, qui est encore trop marginale.

Pour une meilleure représentation des femmes en politique

Garantir que tout gouvernement soit paritaire et que les ministères régaliens ne soient pas réservés aux hommes. Nous prendrons également des dispositions afin que les exécutifs de nos institutions soient présidés autant par des hommes que par des femmes*

Cette mesure va dans le bon sens, quand on sait que les portefeuilles politiques confiés aux femmes obéissent encore à une logique de stéréotypes, et que les exécutifs restent l’apanage des hommes.

Pour le droit à disposer de son corps

Constitutionnaliser la non marchandisation du corps et le droit fondamental à disposer de soi en toutes circonstances : liberté de conscience, droit à la contraception et à l’IVG

Ces propositions vont bien évidemment dans le bon sens, notamment parce que la constitutionnalisation de l’IVG serait la reconnaissance du caractère fondamental de ce droit.

Établir la filiation par reconnaissance comme principe par défaut, reconnaître le droit à la PMA pour toutes les femmes, refuser la GPA, faire prévaloir l’intérêt supérieur de l’enfant en toutes circonstances.

Osez le féminisme ! milite pour la PMA pour toutes les femmes, c’est donc une bonne proposition. Nous saluons aussi la volonté de maintenir l’interdiction de la GPA.

  • Imposer un plan de lutte contre les MST et promouvoir des politiques de santé sexuelle et reproductive émancipatrice des personnes

La proposition va bien évidemment dans le bon sens, même si la notion de “politiques émancipatrice des personnes” mérite d’être clarifiée.

  • Généraliser le Planning Familial dans ses missions de formation et d’éducation pour la contraception et le droit à l’avortement

Bonne mesure.

  • Garantir une prise en charge digne pendant la grossesse et l’accouchement*

Cette mesure est très importante pour permettre de lutter contre les violences obstétricales.