La parité dans les équipes de campagne des candidats à la présidentielle, une prise en compte aléatoire
Si l’application de la parité en vue des élections législatives semble susciter l’intérêt de l’ensemble des partis politiques, il n’en est pas de même concernant la composition des équipes de campagnes des candidats à la présidentielle, où sa prise en compte paraît très aléatoire.
Entre l’appel aux femmes pour qu’elles portent les idées de son parti aux élections législatives d’Emmanuel Macron, le leader du mouvement En marche !, en janvier, et les engagements pris, selon la députée Les Républicains, Marie-Jo Zimmermann, par son parti pour respecter la parité lors de ces mêmes élections, les candidats à la présidentielle semblent se soucier un peu plus que d’habitude de la question de la représentation féminine en politique. Pour autant, cet intérêt va-t-il jusqu’à influer sur la composition de leurs équipes de campagne ? Tour d’horizon des équipes des principaux candidats.
Un zéro pointé à droite
Déjà taclé par la presse lorsqu’il a présenté son équipe de campagne en décembre pour son absence totale de parité, le candidat Les Républicains, François Fillon, s’est, à nouveau, fait épinglé, le 7 février, lorsqu’il a lancé sa « nouvelle campagne » après les accusations d’emplois fictifs contre des membres de sa famille.
Alors qu’en décembre, son organigramme comportait 90 personnes dont, seulement, 19 femmes, le comité politique stratégique restreint qu’il a présenté début février, ne fait pas mieux puisqu’il compte 23 responsables politiques parmi lesquels deux femmes, en l’occurrence Valérie Pécresse et Nathalie Kosciusko-Morizet.Malgré la volonté affichée de LR de prendre en compte la parité pour les législatives (toute proportion gardée bien évidemment, le parti ayant investi 168 femmes pour 298 hommes), la réalité de l’intérêt porté par Fillon à cette question semble transparaître dans les choix très masculins de son équipe resserrée.
Même chose à l’extrême droite. Car, si Marine Le Pen, la présidente du Front national et candidate du parti, cherche à développer un argumentaire « féministe » autour de sa personne pour tenter de capter le vote des femmes, la composition de son équipe de campagne ne va pas dans ce sens et reflète plutôt un manque d’intérêt pour les questions féministes et, notamment, pour celle de la parité.
Ainsi son conseil stratégique de campagne est composé de 31 hommes pour, seulement, 4 femmes. Sa nièce, Marion Maréchal-Le Pen, sa cheffe de cabinet, actuellement mise en examen au sujet des soupçons d’emplois fictifs du FN, Catherine Griset, l’élue du Front national à Aubagne et députée (député selon le site du FN qui n’applique pas la féminisation des fonctions politiques) européenne, Joëlle Mélin et, enfin, l’élue de Bourgogne-Franche-Comté, Sophie Montel.
Aucune prise en compte de la parité donc dans les équipes de campagne resserrées candidats à la présidentielle de la droite et de l’extrême droite.
Des efforts à gauche
Les partis de gauche relèvent, eux, un peu le niveau.
L’organigramme de l’équipe du candidat du Parti socialiste, nouvellement allié à Europe-Ecologie-Les Verts, Benoît Hamon, même s’il n’a pas encore été entièrement dévoilé, compte 12 femmes pour 16 hommes. Pas une parité totale donc mais des efforts et une volonté de choisir des personnalités féminines soucieuses de prendre en compte les questions féministes. Parmi lesquelles Sandra Laugier, professeure de philosophie à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste, notamment, des études de genre, ou encore Dominique Méda, philosophe et sociologue spécialiste, notamment, des questions d’égalité professionnelle femmes-hommes et de la compatibilité entre vie familiale et vie professionnelle.
Même tendance du côté du Parti de gauche, allié avec le Parti communiste français, où l’équipe de Jean-Luc Mélenchon atteint quasiment la parité avec 9 femmes pour 10 hommes. D’autant plus que la direction du travail programmatique est partagée entre un homme et une femme, en l’occurrence la juriste Charlotte Girard. Celle-ci est également membre d’un groupe de recherche juridique sur le genre qui l’a menée à se spécialiser dans le fonctionnement juridique de la parité, notamment dans les institutions politiques, elle est d’ailleurs membre associée de la commission Parité du Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes.
Et Macron, dans tout ça ?
Mais qu’en est-il du candidat qui se revendique comme n’étant ni de droite ni de gauche ? Selon Marlène Schiappa, présidente de l’association Maman travaille, adjointe au maire du Mans à l’égalité et conseillère de Macron sur la question des droits des femmes, Emmanuel Macron serait le “vrai candidat de l’émancipation des femmes”, proclame-t-elle dans une tribune publiée par ses soins dans le Huffington Post du 18 janvier. Et, pour l’LR, Aurore Bergé, ancienne responsable de la campagne digitale d’Alain Juppé durant la primaire de la droite, son passage à En marche ! se justifie par les valeurs progressistes défendues par le candidat, notamment concernant le droit à l’Interruption volontaire de grossesse (IVG).
Mais, si l’équipe élargie de campagne de Macron compte effectivement des personnalités féminines impliquées dans la lutte pour l’égalité femmes-hommes, comme l’adhérente du Medef, Françoise Holder qui y préside, d’ailleurs, le comité sur l’égalité hommes-femmes, son comité restreint est, lui, majoritairement composé d’hommes, seulement 4 femmes, dont Corinne Lepage, pour 15 hommes. Malgré des soutiens et son appel aux femmes à se présenter, dans le cadre de son parti, aux législatives, le candidat d’En marche ! reste très mesuré quant à l’application de la parité dans son entourage proche.
L’application de la parité dans les équipes resserrées des candidats à la présidentielle semble donc jouer comme un baromètre de leurs engagements en faveur des droits des femmes. A méditer avant de voter.
Claire Besné